La Queste du Gra'al
Il semblerait que la
Quête du Graal soit la dernière grande tradition de la continuité spirituelle indo-européenne. Le Saint-Graal de la littérature médièvale européenne est le continuateur de deux
talismans de la religion druidique : le chaudron de Dadga et la coupe de souveraineté. Il est à rapprocher également des chaudrons magiques de Grèce, lieu et moyen de
régénérescence, et du panier d'Eleusis. C'est cette origine païenne qui explique que, bien souvent, l'objet merveilleux est représenté comme un simple plat creux porté par une vierge.
Dans les traditions relatives aux chevaliers de la Table Ronde, il a le pouvoir d'offrir à chacun de ceux-ci le plat de viande qu'il préfère, son symbolisme rejoint, ici, celui de la Corne
d'Abondance. Parmi ses innombrables pouvoir il possède celui de nourrir (don de vie), celui d'éclairer (illumination spirtuelle), celui de rendre invincible.
Explication du mythe (Ceci est un condensé d’un article de Guillaume Delaage) :
« Lorsqu'on parle de la QUÊTE DU GRAAL, de nombreux personnages aux noms légendaires interviennent, et font rêver à travers leurs fabuleuses aventures. Le but pour ces chevaliers est de
rechercher le Graal (de poser LA question) et de l'apporter au roi Pécheur pour le guérir de ses souffrances et de ses blessures.
La Quête du Graal représente un voyage intérieur, un voyage en soi pour tout chercheur parvenu à une certaine étape dans son cheminement à la découverte de lui-même. Celui ou celle qui entreprend
ce voyage en soi rencontre des aventures extraordinaires, à la fois fantastiques et belles, mais aussi effrayantes. Le but en est de découvrir le Graal et d'être enveloppé de sa lumière et de sa
beauté, tout autant que d'en saisir certains mystères. Il est invité à passer derrière le miroir et à revenir - à ce point transcendé qu'une formidable puissance d'amour se dégage de lui. La
quête du Graal représente ce voyage symbolique à la découverte de l'Etre réel. Chacun peut y prétendre, à condition qu'il progresse avec constance et
détermination. Les personnages liés à cette Quête en soi sont nombreux, et en fait qui sont-ils ? Ils sont autant d'aspects de nous-mêmes, autant "d'aventures" que nous pouvons
rencontrer dans ce périple à la recherche de notre nature profonde.
Dans la Tradition, le sage est toujours considéré comme un fou, car sa sagesse n'est plus la sagesse des hommes. Il parle le langage des oiseaux c'est-à-dire la langue universelle. Il est tantôt
jeune et vieux tantôt en des apparences différentes. Selon les versions, on les appelle le Roi pêcheur, le Roi Méhégnié, le Roi Malade, le Roi Pellés. Ces quatre personnages qui n'en forment
qu'un sont tous gravement blessés ou atteints d'une maladie. Le but des chevaliers qui partent à la quête du Graal est de rapporter le précieux liquide de la coupe pour permettre au vieux roi de
le guérir. Le Roi malade, c'est nous-mêmes, c'est cette âme blessé de toutes les expériences acquises.
La Quête du Graal tient dans la rencontre de sa vraie personnalité. Le fait de la rencontrer permet d'ouvrir la brèche, comme l'a fait Perceval, dans le corps psychique et d'apporter une parcelle
de cette sagesse et de cette lumière depuis la conscience. Le Graal, donc l'être intérieur, est à ce moment précis celui qui va offrir l'énergie divine qui transcende l'être. Cette énergie trace
un pont entre sa nature humaine et la conscience. Tout dans ce vaste combat dit qu'il faut équilibrer les passions en nous, car c'est là le but que nous devons atteindre sur ce plan d'évolution.
Du reste, n'est-il pas dit à Perceval : « Sache que le Graal n'acceptera jamais la démesure de tes désirs. »
Le Graal du Moyen Âge est identique au chaudron de Dagda des Celtes, qui provient de l'Ile du Nord du monde. C'est dans ce chaudron que les blessés étaient soignés de leurs blessures, en
retrouvant force et vitalité. Le Graal serait donc une Quête en soi, mais aurait aussi une relation directe avec quelque chose de bien physique, de tangible. L'humain qui a retrouvé sa véritable
nature a le pouvoir de se hisser au-delà de sa simple conscience, de son simple Moi. La conscience nous mène à la connaissance. Seules les clés que donne la Connaissance permettent de saisir,
sous une forme claire et limpide, l'extraordinaire vérité qui se cache dans la mémoire de l'humanité.
Le Graal est un mot magique qui, depuis des siècles, se pare du manteau merveilleux de la légende. Son nom évoque l'épopée fantastique des valeureux chevaliers du roi Arthur qui partirent à sa
Quête, affrontant mille périls, mille coups du sort. Aujourd'hui, tout cela paraît enfantin et désuet. Pourtant la Quête du Graal symbolise l'aventure spirituelle située en dehors du temps et de
l'espace, qui correspond aussi bien au Moyen Age qu'à l'aube du XXIe siècle... La Quête du Graal n'est pas une épopée extérieure à l'être, mais une grande aventure spirituelle intérieure offerte
au chevalier prêt à l'affronter.
« Grimpez le long de cette brèche, lui dit [le Roi malade], qui est taillée dans le rocher, et, quand vous serez arrivé là-haut, vous verrez devant vous, dans une vallée, une maison où j'habite.
Dans le roc, symbole de la densité, une brèche s'ouvre et monte : telle est la voie. » Dans ce passage, la voie en question est Excalibur, l'épée du roi Arthur plantée dans la pierre. Cette épée
est la conscience aussi pure que l'or. Délivrer la conscience de la lourdeur du corps, de ses blessures et de tout ce qui l'habitent, c'est le but de l'Éveil. La quête du Graal est une
transformation radicale de soi. Il s'agit de transformer le Roi-malade, le vieil homme blessé qui est en soi, pour parvenir à découvrir l'Être intérieur, c'est-à-dire le VÉRITABLE soi-même !
Trouver la faille qui permet de passer de ce monde d'apparences, où l'on croit être un EGO, à celui de la Réalité, où nous sommes une CONSCIENCE.
La découverte de soi passe par le combat en soi. La mythologie dit : « On tue les vieux rois. » Dans la Quête du Graal, on tue finalement son ancien moi (le Roi malade) pour se régénérer
par l'Être intérieur (le Graal). Dans ma démarche, je ne cherche pas à t'enquiquiner la vie, je cherche à te faire découvrir cette parcelle de divin, ce joyau, ce Crystal, que dis-je... Ce trésor
qui est en toi.
Voilà une des clefs de la réussite, apprendre à dompter l'être inférieur qui est en toi. Bientôt, pour Perceval, le château du Graal ouvre ses portes. Là, le roi pêcheur, assis sur une pourpre
vermeille, l'attend. Le roi lui présente alors une épée nue brisée en deux, et lui dit : « Je vous prie de la prendre et les deux pièces rejoignez. Puis, je vous conterai la légende du riche
Graal et de la lance au fer royal. » Perceval prit les deux pièces et de cette lame « joint les aciers si parfaitement et avec tant d'adresse, que le jour qu'elle fut faite ne semble pas plus
neuve ni plus belle. » Voyant cela, le roi prononça ces paroles qui concluent le périple de Perceval : « Beau Sire, ors écoutez. En armes vous avez pris beaucoup de peine, mais de par cette
épreuve, je sais très bien que de par le monde, il n'en est aucun qui vous vaille. »
L'homme (ou la femme) qui se cherche est semblable à un chevalier parti pour affronter les différentes épreuves avant d'aboutir au « château de Montsalvage », la forteresse qui sépare le monde de
la conscience du matérialisme dans lequel se complaît l'être humain. Tu n'y es pas encore, si tu y étais, tu te sentirais ô combien différente de ce que tu as été. Tout serait différent. Après
cette Quête, tu t'insèreras naturellement dans le monde qui est le tien. De toi jaillira la lumière intérieure, cette force donnera une dimension supérieure à chacun de tes actes. Elle touchera
tes proches, et tu seras alors en capacité d'aider autrui.
Le Divin Graal est notre conscience que nos efforts et nos expériences de vie doivent permettre d'éveiller chaque jour davantage. Les Chevaliers ont trouvé le Graal, lorsqu'ils sont conscients
d'eux-mêmes à 100%. Ils vivent dans ce monde comme tout un chacun, mais avec une perception des choses radicalement différente. Contrairement à l'homme commun, leur conscience est délivrée
des contraintes de la matière, des contraintes du temps et de l'espace. Pour autant, il est important de retenir ceci, ce n'est pas parce que l'on se croit éveiller, qu'on l'est nécessairement.
Si tel est le cas, un grand pas serait franchi vers ta conquête intérieure. « Il n'y a qu'une chose que le Graal et ses vertus secrètes ne pourront jamais tolérer en toi : la démesure dans les
désirs. »